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Channel: Philippe Vardon – Droite(s) extrême(s)
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Un documentaire fait ressurgir les vieux démons du Front national

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Benoît Loeuillet, entouré de Marion Maréchal-Le Pen et Olivier Bettati pendant la campagne des régionales 2015 (crédit : Olivier Faye)

Depuis son accession à la tête du Front national, en 2011, Marine Le Pen assure avoir fait le ménage parmi les éléments les plus radicaux de son parti. Mais la réalité vient parfois rattraper la présidente de la formation d’extrême droite lorsque les projecteurs se braquent là où il ne faudrait pas.

Mercredi 14 mars, en début de soirée, un documentaire de la chaîne C8 propose une plongée en apnée au sein du Front national parmi les jeunes militants de la fédération des Alpes-Maritimes. Le journaliste Quentin Pichon – coréalisateur du sujet avec Céline Crespy – a passé deux mois à leurs côtés, en caméra cachée. Une manière, dit-il, de les approcher alors que ses sollicitations officielles étaient restées sans réponses.

Dans cette fédération où les identitaires de Nissa rebela se sont introduits à tous les niveaux depuis deux ou trois ans, l’entreprise de « dédiabolisation » revendiquée par Mme Le Pen n’a clairement pas fait son œuvre.

Benoît Loeuillet suspendu du FN

On voit Benoît Loeuillet, conseiller régional FN de PACA et responsable du parti à Nice, identitaire local bien connu, dans sa librairie du Paillon, vendre des ouvrages d’Adolf Hitler et de l’historien négationniste Robert Faurisson. Il reconnaît s’interroger sur les thèses de ce dernier, et assure à propos de la Shoah qu’« il n’y a pas eu de morts de masse comme ça a été dit ».  « Il n’y a pas eu 6 millions [de morts] », lâche-t-il.

L’intéressé a été suspendu dès mercredi matin du FN. Il a aussi été exclu du groupe FN au conseil régional de PACA, présidé par Marion Maréchal-Le Pen. Les « idées » de Benoît Loueillet « n’ont pas leur place au Front national », a assuré Nicolas Bay, le secrétaire général du FN, dans un communiqué. « Les caméléons qui se cachent dans nos rangs et profitent de la réussite du FN en ayant des idées parfaitement détestables doivent dégager », a ajouté le vice-président du FN Louis Aliot dans un tweet lourd de sous-entendus.

Dans le documentaire, on observe aussi Philippe Vardon, fondateur du Bloc identitaire, devenu conseiller régional FN de PACA puis homme clé de l’équipe de campagne présidentielle de Marine Le Pen, tracter dans la rue, et lâcher à un de ses camarades : « ça va devenir inquiétant, tous les mecs qui me serrent la main, ils sont noirs ». Avant de poursuivre par une considération sur les chauffeurs de taxis : « ici les taxis c’est très blanc, très niçois, etc. », alors qu’à Paris ou à Lyon, « la moitié, ils ont les barbes comme ça ».

Sept élus FN ou ex-FN des Alpes-Maritimes – conseillers régionaux ou municipaux – ont réclamé dans un communiqué publié mercredi après-midi l’exclusion de MM. Vardon et Loeuillet, ainsi que de Bryan Masson, secrétaire départemental du Front national de la jeunesse, lui aussi protagoniste du documentaire. Ils souhaitent par ailleurs l’exclusion du secrétaire départemental Lionel Tivoli, qui serait coresponsable selon eux. « Nous rappelons notre rejet, sans concession, de toutes les formes d’antisémitisme, de racisme et de négationnisme. Nous rejetons toutes les formes de propagande nazie ou fasciste », écrivent les signataires.

« Direction chez les vrais »

L’un d’entre eux, Michel Thooris, élu municipal à Carros et fondateur de l’Union des patriotes français juifs, se « félicite » dans un communiqué personnel de la suspension de Benoit Loeuillet, mais se demande dans le même temps si ce dernier n’est pas « l’arbre qui cache la forêt » . « La véritable tête pensante de ce réseau idéologique au sein du FN n’est-elle pas monsieur Philippe Vardon lui-même ? », s’interroge Michel Thooris, qualifiant les « réseaux Vardon » de « branche pourrie » constituée « d’éléments extrémistes ».

Au-delà des dérapages des uns et des autres, le documentaire donne aussi à voir le fonctionnement d’un parti souvent raconté en « off », mais rarement illustré. On suit les pérégrinations du jeune Bryan Masson, patron du FNJ local, qui serre la main de certains de ses camarades à la manière des identitaires, en leur attrapant l’avant-bras, et porte le bracelet rouge « Solidarité Kosovo », signe de ralliement de ces derniers.

On le voit s’éclipser d’une soirée du FNJ en marge des assises présidentielles de Marine Le Pen, à Lyon, le 4 février, pour se rendre à la Traboule, le bar des identitaires. Le FNJ, « c’est bidon, c’est tous des tapettes, lâche-t-il. Quand il y aura la révolution, il y aura plus personne. Direction chez les vrais. » A la Traboule, donc, où il retrouvera la conseillère régionale de PACA Aline Bertrand – qui aide l’extrême droite radicale européenne à se financer auprès de Bruxelles – et des proches de Marine Le Pen, comme Frédéric Chatillon, Axel Loustau ou Nicolas Crochet, les hommes qui contrôlent les aspects techniques et financiers des campagnes frontistes.

Des faux comptes Twitter

On voit Bryan Masson utiliser, sur ordre de sa hiérarchie, le prétexte de liens avec un frontiste banni pour exclure manu militari des militantes expérimentées, le tout dans des éclats de voix : « Allez, allez, ça dégage ! » Ou encore reconnaître utiliser un faux compte Twitter – une pratique très répandue au FN, y compris parmi ses plus hauts dirigeants – avec lequel il relaye des messages du romancier Renaud Camus, théoricien du grand remplacement, qui estime par exemple que la CAF (Caisse d’allocation familiale) est devenu le « troisième lieu saint de l’islam ».

Dans une autre scène, Bryan Masson, en tractage sur un marché, briefe ses troupes sur la manière d’aborder le chaland en utilisant le seul prénom de Marine Le Pen. « Le Pen, ça rappelle Jean-Marie. Marine, ça fait plus moderne ». Il reste encore un peu de travail.

Olivier Faye


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